UN PETIT AIR DE FAUST
Que celui qui n’a jamais rêvé d’un pacte avec le diable pour réaliser ses rêves les plus fous, jette sa première goutte de sang. Dit par Goethe et Marlowe, chanté par Gounod et Liszt, célébré par des dizaines de milliers de rêveurs à travers le monde, l’ultra-célébrissime saga de Faust et de Méphisto, a gardé son parfum d’éternelle jeunesse. Souffrance et ambition, errance et compromission, conflit et rédemption : tous les costumes, déguisements, postures, mélodies et mots ont été essayés pour célébrer l’inépuisable mystère de ce ménage à quatre, car il ne faut oublier ni l’amour de Marguerite, ni la salvation divine.
Le talent d’Alain Casabona renouvelle avec bonheur le genre. Son histoire du bâtonnier de l’ordre des avocats d’une ville de province, qui, dans les dédales d’une librairie magique, rencontre une créature sublime et un petit monsieur à barbichette et à chaussures pointues, prend, sous la plume de l’auteur, des accents de commedia dell’arte, sur fond de jeu de tarot, de pata negra et de ce délicieux breuvage qu’est le Condrieu, signes évidents que l’auteur n’a pas oublié le précepte de Casanova pour une vie réussie : une belle femme, une bonne table, et une bonne bibliothèque. L’avocat rencontre donc le dentiste qui va faire de lui un pianiste virtuose, à condition qu’il lui laisse une canine dans son ciboire et qu’il signe avec son sang le contrat que l’on sait. S’en suivra un feuilleton qui tient en diabolique haleine.
Le Faust d’Alain Casabona est bien notre semblable, notre frère, le joli miroir de nos imaginaires et de nos illusions.